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Kunstmuseum Bern - Zentrum Paul Klee - Exposition - Kirchner x Kirchner

2025-08-05    
   

Du 12 septembre 2025 au 11 janvier 2026, le Kunstmuseum Bern présente l’exposition Kirchner x Kirchner. Elle montrera 65 œuvres d’Ernst Ludwig Kirchner (1880-1938), des travaux de grande qualité rarement exposés en Suisse. L’artiste compte parmi les protagonistes les plus remarquables de l’art moderne. Avec cette exposition, le Kunstmuseum Bern commémore la plus vaste rétrospective qui ait été organisée du vivant de l’artiste, en 1933, à la Kunsthalle Bern, et dont il fut lui-même le curateur. Pour la première fois Kirchner x Kirchner donne à l’artiste une place de choix en tant que commissaire de son propre œuvre et montre comment il a interprété et mis en scène son parcours artistique en juxtaposant et en remaniant certaines de ses œuvres dans un but précis. La réunion des deux tableaux de Kirchner Alpsonntag. Szene am Brunnen (Dimanche sur l’alpe. Scène près de la fontaine), provenant de la collection du Kunstmuseum Bern, et Sonntag der Bergbauern (Dimanche des paysans de montagne), son pendant prêté par la Chancellerie fédérale allemande, constituera le point d’orgue de l’exposition.

Kirchner x Kirchner : Un regard exceptionnel sur l’expressionniste
Avec Kirchner x Kirchner le Kunstmuseum Bern consacre une exposition exceptionnelle à l’expressionniste allemand Ernst Ludwig Kirchner (1880–1938). Elle s’articule autour de la grande rétrospective de 1933, organisée par l’artiste lui-même à la Kunsthalle Bern. Une démarche rare à l’époque, qui offre aujourd’hui de nouvelles perspectives.

L’exposition montre comment Kirchner a procédé à une sélection, un accrochage et un remaniement ciblés de ses œuvres, tentant non seulement de (re)configurer sa carrière artistique, mais aussi de concevoir une expérience spécifique de l’espace. Quelque 65 œuvres issues de toutes les phases de sa création, dont des prêts importants provenant de collections nationales et internationales prestigieuses, nous indiquent comment Kirchner se mettait lui-même en scène, incarnant à la fois le rôle de l’artiste et celui du concepteur de l’exposition.

La réunion d’Alpsonntag. Szene am Brunnen (Dimanche sur l’alpe. Scène près de la fontaine) et de Sonntag der Bergbauern (Dimanche des paysans de montagne), provenant de la salle du Conseil des ministres de la Chancellerie fédérale allemande, fait sensation !
Pour la première fois, les deux œuvres monumentales Alpsonntag. Szene am Brunnen (1923-1924 / vers 1929, Kunstmuseum Bern) et Sonntag der Bergbauern (1923-1924 / 1926, salle du cabinet de la Chancellerie fédérale, Berlin) seront à nouveau réunies et constitueront le point d’orgue de l’exposition. Les deux toiles inauguraient la rétrospective Kirchner à la Kunsthalle Bern en 1933, où elles étaient présentées côte à côte. Avec ces images puissantes, Kirchner exprimait sa façon de voir l’interaction entre monumentalité et aménagement de l’espace. Il voulait également prouver qu’il était capable de créer des œuvres ayant un rayonnement public, des œuvres qui dépassaient le cadre de l’espace d’exposition pour avoir un impact sur la société. Cela lui tenait particulièrement à cœur, car il avait longtemps envisagé de peindre la salle des fêtes du musée Folkwang à Essen mais, en 1933, ce projet avait définitivement échoué.

Bien que conçues comme des pendants, ces deux peintures monumentales n’ont plus jamais été exposées ensemble depuis 1933. Alpsonntag. Szene am Brunnen (image de presse02) a été directement acheté par le Kunstmuseum Bern après l’exposition. Un acte symbolique s’il en est : il s’agissait du premier et unique achat d’un tableau par un musée suisse du vivant de l’artiste. Sonntag der Bergbauern (image de presse 01) a d’abord été prêté, puis finalement acquis en 1985 par la Collection d’art de la République fédérale d’Allemagne. Le fait que la Chancellerie fédérale allemande ait accepté de prêter ce tableau, accroché bien en vue, de manière permanente, dans la salle du Conseil des ministres, constitue à la fois une exception et un fait marquant.

Pour plus d’informations sur l’histoire de ces deux tableaux importants, veuillez vous reporter au Dossier de presse du 2 juillet 2025, « Enfin réunis après plus de 90 ans ! Prêt sensationnel de Berlin ».

Autres temps forts grâce à des prêts prestigieux

Parmi les autres points forts de l’exposition figurent des chefs-d’œuvre tels que Rue, Dresde (1908/1919, Museum of Modern Art de New York) (image de presse 06), Rue avec cocotte rouge (1914/1925, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza de Madrid) (image de presse 09), Paysage de montagne de Clavadel (1927, Museum of Fine Arts de Boston) (image de presse 12), Danse des couleurs I [Projet pour Essen] (1932, Museum Folkwang Essen) (image de presse 14) ou Les mangeurs (1930, Galerie Henze & Ketterer, Wichtrach/Berne) (image de presse 04).

Ernst Ludwig Kirchner : le commissariat d’exposition comme acte artistique

L’exposition Kirchner x Kirchner montre à quel point Ernst Ludwig Kirchner avait conscience de son rôle de commissaire d’exposition : en 1933, en étroite collaboration avec Max Huggler (1903-1994), alors directeur de la Kunsthalle Bern et plus tard directeur du Kunstmuseum Bern, il organise la rétrospective la plus complète de sa carrière. Il ne se contente pas de sélectionner les œuvres et de concevoir leur disposition, mais réalise également l’affiche et le catalogue de l’exposition ; il rédige même un texte d’accompagnement sous le pseudonyme de Louis de Marsalle. Kirchner structure ainsi sciemment son œuvre, retravaille certaines toiles et utilise l’espace d’exposition qui fait partie intégrante de son message artistique. Une lettre adressée à Max Huggler le 21 décembre 1932 montre à quel point Kirchner considérait l’exposition comme un acte artistique :

« Accrocher une exposition en ajustant les couleurs et les formes, c’est comme créer un tableau. »

L’exposition du Kunstmuseum Bern met pour la première fois l’accent sur cette perspective curatoriale. Elle ne cherche pas à reproduire fidèlement la rétrospective historique de 1933 mais à mettre en lumière sa structure, ses intentions et son impact dans une perspective contemporaine. Pourquoi un artiste écrit-il sa propre histoire et pourquoi Kirchner choisit-il précisément cette forme de représentation en 1933 ? Ce sont les questions centrales qui se posent à nous. Quelles étaient ses intentions ? Et comment cette mise en scène ciblée influence-t-elle, aujourd’hui encore, la perception de son œuvre ?

« La rétrospective de 1933 était bien plus qu’une exposition, c’était un manifeste artistique. Elle reflétait en les concentrant les efforts de Kirchner pour trouver son propre langage visuel ainsi que son besoin de se repositionner sur le plan artistique. »
Nadine Franci, conservatrice du département des dessins et arts graphiques au Kunstmuseum Bern et commissaire de l’exposition

En opposant l’interprétation établie de l’histoire de l’art à la vision que Kirchner avait lui-même de son œuvre, l’exposition Kirchner x Kirchner propose une nouvelle approche de sa conception artistique et met en même temps en évidence sa volonté créatrice en tant que commissaire.

Contexte historique de la rétrospective de 1933

L’exposition à la Kunsthalle Bern eut lieu de mars à avril 1933, à un moment décisif pour Kirchner tant sur le plan politique que personnel. En Allemagne, après la prise du pouvoir par les nationaux- socialistes, ses œuvres font de plus en plus souvent l’objet de diffamation et sont retirées des musées. En Suisse, où il vit depuis 1917, il a l’occasion de donner une vue d’ensemble de son art.

Avec plus de 290 œuvres, la rétrospective de 1933 fut l’exposition la plus complète jamais organisée du vivant de l’artiste. De nombreuses œuvres provenaient de sa collection personnelle, mais Kirchner insista pour y inclure également des prêts provenant de collections publiques et privées. Il souhaitait ainsi donner l’image d’un artiste établi.

« Je pourrais facilement organiser toute l’exposition à partir de mes propres collections, mais ce serait mieux si certaines œuvres provenant de collections publiques ou privées n’étaient pas à vendre [...]. »
Ernst Ludwig Kirchner dans une lettre à Max Huggler, le 20 novembre 1932

Kirchner x Kirchner : de l’époque de Die Brücke (1905-1913) aux œuvres tardives de Davos (1917-1937)
Comme en 1933, Kirchner x Kirchner retrace le parcours de l’artiste, depuis ses débuts expressionnistes au sein du groupe Die Brücke jusqu’aux œuvres tardives de Davos. Contrairement à l’exposition historique, les différentes phases de sa création sont aujourd’hui représentées de manière plus équilibrée. L’exposition montre également des travaux qui ne figuraient pas à Berne en 1933, soit parce que Kirchner les avait délibérément exclus, soit parce qu’ils n’étaient pas disponibles. Cela permet de comprendre les décisions prises par Kirchner à l’époque et les raisons qui les ont motivées.

La présentation s’organise selon différents thèmes, répartis sur cinq salles. Des œuvres centrales ont donc été regroupées et mettent aussi en lumière la pensée curatoriale de Kirchner. La première salle est consacrée aux années passées à Dresde et à Berlin, avec des nus, des scènes de rue et l’univers du music-hall. Aujourd’hui encore, ces œuvres sont considérées comme le sommet de son art. Elles n’étaient que peu représentées dans l’exposition de 1933 : Kirchner y montrait principalement des œuvres qui lui avaient déjà valu une reconnaissance en Allemagne ou qui mettaient particulièrement en évidence ses innovations stylistiques.

Les deux salles attenantes, plus petites, se concentrent sur les aspects formels et structurels. Une sélection d’œuvres sur papier montre clairement que Kirchner a expérimenté la couleur, la surface, la ligne et le mouvement pendant des décennies et qu’il est resté fidèle à lui-même malgré l’évolution de son langage formel.

La sélection des œuvres exposées, reliées au contexte historique, et le nouveau regard porté sur l’artiste font de l’ambitieux projet d’exposition Kirchner x Kirchner une expérience unique.

Vernissage
L’exposition sera inaugurée le jeudi 11 septembre 2025, à partir de 18:30. Ce soir-là, l’entrée sera libre.

Commissaire d’exposition

Nadine Franci, conservatrice du département des dessins et arts graphiques Kunstmuseum Bern

Avec le soutien de

Canton de Berne, UBS, Swisslos-Kultur Kanton Bern, Ursula Wirz-Stiftung, Uniqa Versicherung, Ruth und Arthur Scherbarth Stiftung, Roman Norbert Ketterer Stiftung, Minerva Kunststiftung

Photo : Kunstmuseum Bern - Kirchner x Kirchner