2025-03-09 | ![]() ![]() |
Le 10 janvier 2025, l’Ordre des médecins a prononcé la radiation du Dr Henri Brunner*, expert psychiatre, pour des pratiques dégradantes et expéditives. Ce médecin, qui exerçait des expertises psychiatriques à la demande des tribunaux et d’organismes administratifs, a été sanctionné après plusieurs plaintes pour jugements de valeur subjectifs, attitudes méprisantes et conclusions biaisées.
Les témoignages recueillis dans la décision disciplinaire révèlent une attitude méprisante et humiliante envers des patients déjà en grande vulnérabilité. Par exemple, il écrivait dans ses expertises des commentaires déplacés sur l’apparence physique des personnes examinées :
À propos d’une femme en situation de détresse, il note qu’elle est « opulente, élégante en robe courte, arborant une écharpe rouge, le crâne rasé selon une des dernières modes ». Il conclut de façon absurde que « le diagnostic de dépression ne s’explique pas chez une personne à la présentation aussi recherchée et à l’humeur aussi bonne ». - Un autre rapport mentionne une patiente avec des cheveux rouges et des tatouages, ce qui, selon lui, éliminerait d’emblée toute possibilité de dépression. - • Pour une victime d’abus sexuels, il suggère que certains médecins se sont laissé « piéger par un miroir aux alouettes » en croyant son témoignage.
Ces propos ne sont pas seulement inacceptables, ils sont dangereux. Ils témoignent d’un abus d’autorité flagrant et d’un mépris total pour les souffrances des patients.
Cette affaire met en lumière un problème systémique dans la psychiatrie et son utilisation dans le domaine judiciaire. L’expert psychiatre détient un pouvoir immense : son avis peut déterminer l’avenir d’un individu, influencer des décisions de justice, de placement en soins forcés ou de reconnaissance d’un préjudice. Pourtant, aucun cadre strict ne régule réellement la subjectivité de ces expertises.
L’absence de contrôle rigoureux sur les psychiatres experts permet des abus graves, comme ceux commis par le Dr Brunner. Ce dernier avait déjà été sanctionné en 2016 et 2018, mais il a continué à exercer en toute impunité jusqu’à sa radiation récente.
La CCDH rappelle que les psychiatres experts peuvent trop souvent se considérer au-dessus des lois, sans aucun contre-pouvoir. Les décisions de radiation du Dr Brunner précisent que ses expertises étaient bâclées, réalisées en seulement 10 à 20 minutes, un temps totalement insuffisant pour établir un diagnostic sérieux. Il ne prenait même pas la peine de consulter les documents médicaux fournis par les patients, préférant conforter son opinion initiale.
Les expertises psychiatriques sont souvent utilisées pour justifier des traitements forcés, des hospitalisations sous contrainte, voire des décisions judiciaires majeures. L’affaire Brunner illustre comment un psychiatre peut, par ses seules conclusions, détruire des vies en quelques lignes. Combien d’autres psychiatres exercent encore en toute impunité avec de telles pratiques ?
Face à ces dérives inacceptables, la CCDH appelle à : Un contrôle strict des expertises psychiatriques : chaque rapport devrait être soumis à un examen indépendant pour éviter les abus. - Des formations obligatoires pour les psychiatres experts afin de garantir des pratiques éthiques et scientifiques. - L’interdiction des expertises expéditives : toute expertise psychiatrique devrait inclure un entretien approfondi et l’examen rigoureux des dossiers médicaux. - La possibilité pour les victimes d’expertises biaisées d’obtenir réparation et reconnaissance.
La CCDH rappelle que les psychiatres ne sont pas au-dessus des lois. Leur rôle doit être strictement encadré, sous peine de voir d’autres victimes souffrir d’une psychiatrie arbitraire et inhumaine.
Il est temps d’agir pour empêcher ces dérives et protéger les droits fondamentaux des citoyens.
La CCDH (Commission des Citoyens pour les Droits de l'Homme) a pour but de procéder à des investigations, de révéler les violations des droits de l’homme perpétrées par la psychiatrie et d’assainir le domaine de la santé mentale. Elle compte aujourd’hui plus de 275 bureaux dans 34 pays.